Les cailloux du temps, poème d'Yves Chiavassa
En réponse à Gérard sur "les pierres du temps"
Les jours sont les cailloux du temps
Certains deviennent de la boue
D’autres se changent en diamants
Les jours lointains qu’on a laissés
Dans une étreinte ou un soupir
Pierres semées dans le passé
Vous qui êtes nos souvenirs
Et jours froids passés à attendre
Le sablier se désemplit
Couleur d’angoisse et goût de cendre
Poussière grise de l’oubli
Rocher du jour d’une rencontre
Le temps s’était-il ralenti
Qui donc avait faussé la montre
Est-ce toi qui m’avais menti ?
Pierre dressée comme un autel
Où j’ai vendu en sacrifice
L’avenir par amour pour celle
Qui n’était que plâtre factice
Météore d’un jour sans suite
Le temps parfois se fait trop court
Sa course n’est plus qu’une fuite
Y aura t’il un autre tour ?
Sables des jours bercés des grèves
Océan où s’ensevelit
L’espoir trop lourd pour être un rêve
Rêve trop dur pour être un lit
Les jours qui n’auraient pas dû naître
Pierres brisées galets fendus
Je les guettais de ma fenêtre
Le temps ne m’a pas attendu
Jours épuisants tristes falaises
D’où j’ai arraché de mes mains
Une poignée de terre glaise
Pour y sculpter mes lendemains
Cristal du jour de découverte !
Son ombre est un rayon porté
Vers la nouvelle étoile offerte
Que j’ai baptisée Liberté
Cailloux qu’il me reste à semer
Soyez tous comme pierres blanches
Ô jours qu’il m’est permis d’aimer
Soyez beaux comme des dimanches
Scories rougies des jours de honte
Combien ont jonché les taillis ?
Je n’en ai pas tenu le compte
Mais l’herbe brûlée les trahit
Dernier jour dalle souveraine
Pierre sous laquelle on s’enfouit
En rêvant que comme des graines
Nos cailloux porteront des fruits
Plutôt que boulets à la face
Qu’ils soient pierres de vos maisons
Que sur votre chemin ils tracent
D’autres couplets de la chanson
Roses des sables ! Mes poèmes !
Pierres écloses comme fleurs
Que la main d’une amie que j’aime
Vous recueille au fond de son cœur
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