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Textes


Sortie du CD "Les poètes" d'Yves Chiavassa

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Vous pouvez vous procurer ce CD contenant 22 titres

(Ferrat, Caussimon, Aragon, Ferré, Bécaud, Leclerc, Le Forestier, etc.)

en m'adressant un mail à

troubaire@free.fr

 

 

      Les baladins  (Louis Amade / Gilbert Bécaud)                                                                

      Les poètes  (Aragon / Jean Ferrat)                                                                                   

      L’aïeul  (Jean-Roger Caussimon)                                                                                       

      Le moulin de Maître Pierre  (Jacques Plante / Henri Betti)                                        

      Mon camarade  (Jean-Roger Caussimon / Léo Ferré)                                                 

      Moi, mes souliers  (Félix Leclerc)                                                                                     

      Le vase brisé  (Sully Prud’homme)                                                                                   

      L’écharpe (Maurice Fanon)                                                                                              

      Marin -Enfant du voyage- (Scharfenberger Werner / Huber Bush Fini)                                       

      La rouille  (Maxime Le Forestier)                                                                                     

      Rue de la liberté (Jean-Roger Caussimon)                                                                     

      C’est beau la vie  (Claude Delecluse-Michelle Senlis / Jean Ferrat)                          

      Mes mains  (Pierre Delanoë /Gilbert Bécaud)                                                               

      Que serais-je sans toi ?  (Aragon / Jean Ferrat)                                                             

      Ma chanson des îles  (Jean Roger Caussimon)                                                               

      Nous étions faits pour être heureux  (Aragon / Yves Chiavassa)                              

      Est-ce ainsi que les hommes vivent ? (Aragon / Léo Ferré)                                        

      Dieu et les hommes  (Jean-Roger Caussimon)                                                               

      J’entends, j’entends  (Aragon / Jean Ferrat)                                                                  

      La Commune est en lutte  (Jean-Roger Caussimon / Philippe Sarde)                        

      Suffit-il donc que tu paraisses ? (Aragon / Léo Ferré)                                                  

      Nous deux  (Jean-Roger Caussimon / Léo Ferré)                                                                              


04/01/2017
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Carnets de voyage : Lac Léman

Fin septembre, comme je regardai "Des racines et des ailes" à la télévision, émission consacrée aux lacs savoyards, me prit la furieuse envie d'une escapade en solitaire.

Dès le lendemain, je pliai bagage et, ma foi, à aller jusqu'à Annecy, autant tirer ma route jusqu'au plus beaux d'entre eux : le lac Léman.

Je pris l'autoroute à Manosque, passai la porte de Sisteron et en sortis à l'orée de Gap. Avec délices, j'abordai le col Bayard et la route Napoléon. Je retrouvai les paysages d'autrefois, rustiques.

Hélas, cette douceur du regard se couvrit à Grenoble où défilèrent des kilomètres de zones commerciales sur lesquelles je fais une vraie fixation.

Puis je retrouvai les Alpes de mon enfance, m'arrêtai en bordure de route pour déguster mon pique-nique dans la verdure et arrivai en début d'après-midi à Yvoire que je souhaitais revoir après plus de quarante ans. J'arpentai ses rues médiévales, au bord desquelles fleurissaient à l'envi de rouges géraniums, admirai, amusée, les cygnes se prélasser dans une eau diamantée qui jouait avec le soleil, montai sur un bateau...

Je rejoignis ensuite Thonon-les-bains où j'avais préalablement réservé une jolie chambre blanche et rose à B.and B., posai ma valise et ressortis aussitôt pour rencontrer Evian. je ne trouvai pas la source où remplir ma bouteille mais gavai mes yeux de son architecture Belle Epoque. 

Je me posai sur la promenade en bordure du lac et rêvai longuement face au coucher de soleil qui miroitait sur l'eau. A quoi pensais-je? Je ne m'en souviens plus. Sûrement à une maison que j'aurais achetée, ici dans cette région bénie des dieux. L'air était doux, mon âme enfin en paix.

Le lendemain, je retournai à Evian et continuai vers la Suisse, passai une frontière-fantôme. J'allais à Montreux dont je fis le tour plusieurs fois pour m'en régaler, continuant à rêver ma vie, celle que je n'aurai pas eue, puis revins sur mes pas, à Villeneuve où je pris un bateau à aubes, authentique bâtiment de 1907 que je visitai de haut en bas, et de babord à tribord, car je ne tiens pas en place, où que je me trouve.

Cette boursouflure du Rhône, où se croisent sans cesse voiliers et bateaux à aubes, reliant Montreux à Genève, en desservant, tout comme les vaporetti vénitiens, tous les villages qui bordent le lac est une féérie sans cesse renouvelée, un suave écrin pour nos majestueuses montagnes. J'appris que la température, grâce au fleuve, ne descendait jamais au-dessous de zéro. La vigne y est reine, ses vins renommés. J'aurais aimé disposer de plusieurs jours pour tout voir, aller partout plus loin dans les terres, et aussi monter jusqu'à ces châteaux dominant le lac, que je voyais de loin...

Je me suis contentée de m'arrêter à Morges, où j'avais passé quelques semaines avec ma soeur, enfant. J'avais oublié ou plutôt je n'avais jamais su - j 'avais six ou sept ans, n'est ce pas - que Morges était l'une de ces magnifiques stations balnéaires de la Riviera Suisse qui n'a rien à envier à notre Côte-d'Azur, bien au contraire. Là-bas, point de migrants, point de crasse, point de camion blanc raflant et broyant trois cents personnes dans sa folie meurtrière, brisant des milliers d'âmes.

Là-bas, tout est calme, luxe et volupté.

Là-bas, j'aurais voulu vivre.

Il y a quarante ans, j'avais déposé une demande.

Mais en Suisse, on n'accepte pas les migrants.

 

Je continuai mon tour du lac et atteignis Genève par le haut quand, l'espace de quelques secondes, je me pris le mont-Blanc en pleine figure. Je ne m'y attendais pas, il surgit par dessus les monts, tout beau, tout ensoleillé, tout blanc. Tout blanc.

Le soir, j'arrivai à Annecy où j'avais réservé une chambre B. and B. chez un particulier. Les clefs m'attendaient, le monsieur était absent en mission humanitaire en Afrique, qui me laissait en toute confiance sa luxueuse maison et son superbe jardin où trônait - sur le hauts d'Annecy - un bananier.

 

Le lendemain, je visitai le vieux Annecy, quarante ans après ma première visite, me baignai dans son lac, pris une collation dans le jardin du "Café du curé", un pittoresque endroit comme on n'en fait plus, encerclé de tous les restos et cafés "branchés", ceux qui me désolent et que je fuis.

 

Je repris la Route Napoléon, le col Bayard, la porte de Sisteron, les Mées, etc... et Rougiers.

Hélas.


13/11/2016
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Carnets de voyage : Arrivée en Provence

     Je revenais de Brest en avion.

    Comme nous avions pris du retard au départ, je nous pensais encore assez loin du sud, quand tout à coup, je nous découvris sur la Méditerranée, au niveau de Montpellier, en assez basse altitude. Nous longions la côte, et sans que j'y sois préparée , je vécus des images inoubliables, gravées dans ma mémoire à tout jamais. 

     Etant passionnée de la géologie et de la géographie des lieux qui me sont familiers, je fus, l'espace de quelques minutes à peine, le témoin privilégié d'un miracle... le Delta, le fleuve remontant loin, toute la Camargue entre le Petit Rhône et le Grand Rhône, en un seul coup d'œil ! Quinze jours avant, j'avais pu l'admirer formant lac, le Léman.

     Puis s'ensuivirent très rapidement les installations de Fos et Lavéra, ma petite plage de Carro où, adolescente, j'avais passé plusieurs semaines en vacances sur le camping de la presqu'île, avec son phare trônant telle une figure de proue, qui la sépare de la plage de La Couronne. Je repérai même, cinquante ans plus tard, le rocher plat d'où j'avais appris à plonger. Défilaient toute la côte bleue, tous les bains pris en famille. 

      L'avion tourna à droite décrivant un grand arc devant Marseille ensoleillée, et j'embrassai en un seul baiser, la falaise de Cassis, la Ste-Victoire, Garlaban, les calanques et plus encore... L'avion passa 200 mètres au-dessus les îles du Frioul qui ressemblent, vues d'en-haut, à deux énormes tarentes tête-bêche, et sur la tour du château d'If, où j'aurais presque pu lire nos initiales et la date que nous avions gravées dans la pierre pour un éternel amour, avec Jacques, en juillet 1969 ! Puis il survola la Nerthe, la chaine de collines qui sépare Marseille de Marignane, et ce fut tout.

      Ce fut tout.

      Tout cela, qui continuera dans ma mémoire à m'ébahir, à m'épater, car je suis comme le ravi de la crèche.

      Je suis venue au monde pour m'émerveiller de tout.


12/10/2016
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Carnets de voyage : Brest

       La toute première fois où je me suis rendue à Brest, il y a trois ans, pour assister à la présentation au drapeau de mon fils à l'Ecole des mousses, j'ai été choquée par la vilaine architecture de cette ville, moderne, épurée, à angles droits, sans couleur et sans saveur, à l'opposé de mes goûts haussmanniens.

       Mais au fil de mes allées et venues, cette ville m'apprivoisait, m'attachait à elle. A travers des livres, j'appris son martyr à la fin de la deuxième guerre mondiale, sa dévastation et je relus le poème de Jacques Prévert  :

 

"Barbara... il pleuvait sur Brest sur jour-là...

 

"Oh Barbara

Il pleut sans cesse sur Brest

Comme il pleuvait avant

Mais ce n’est plus pareil et tout est abîmé

C’est une pluie de deuil terrible et désolée

Ce n’est même plus l’orage

De fer d’acier de sang

Tout simplement des nuages

Qui crèvent comme des chiens

Des chiens qui disparaissent

Au fil de l’eau sur Brest

Et vont pourrir au loin

Au loin très loin de Brest...

Dont il ne reste rien". 

 

        C'est à ce moment-là que je fis miennes les souffrances de cette ville en parcourant ces pages de ruines, de visages hébétés, d'immeubles éventrés, je compris enfin le sens de ce poème appris alors que j'avais quinze ans. Nous l'avait-on expliqué, je ne m'en souviens pas, cancre que j'étais, ma tête et mon attention devaient une fois de plus être dans les nuages. Et c'est cet écroulement de la ville bombardée par les Américains en 1944 qui explique l'architecture de Brest aujourd'hui. Elle fut reconstruite rapidement sur ses ruines. Nulle trace d'andrônes, de ruelles ou de traboules, de petits coins pittoresques, non, rien que des avenues tracées au cordeau, de façon très mussolinienne selon la mode de l'époque.

         Je pris le bateau et visitai la rade.  Le bateau faisait un curieux détour pour éviter d'entrer dans le "Goulet de Brest", longeait "la pointe des Espagnols" et la presqu'île de Plougastel-Daoulas, si verdoyantes, si belles... J'étais perdue, ne comprenais rien à la configuration de ce site majestueux, magique. Quelques temps après, je décidai d'aller à Camaret-sur-mer. Je parcourus, à partir de Brest une centaine de kilomètres. Alors que j'entrai dans la ville, je vis sur ma droite un panneau qui indiquait "Pointe des Espagnols"; cela me rappelant quelque chose, je bifurquai donc pour aller voir, curieuse, ce que c'était, cette fameuse pointe des Espagnols. Je parcourus une dizaine de kilomètres sur une petite route sauvage, plantée sur la lande, tourmentée, sublime. Au détour d'un virage, oh! la mer... une plage déserte, la marée qui monte... Je n'étais pas encore familiarisée avec la Bretagne et notamment le Finistère où l'océan n'est jamais bien loin, la lande omniprésente, cette merveille... Après quelques minutes de béate contemplation, je continuai ma route, garai la voiture, continuai à pied, et là, d'un coup, je reçus en pleine gueule une ville, là, en face, à quelques centaines de mètres.  J'étais stupéfaite de la voir surgir alors que j'étais si loin de tout. Qu'était-ce, cette ville blanche? Petit à petit, je reconnus l'arsenal où, la veille au petit matin, je regardais en pleurant sous la pluie la frégate de mon petit s' éloigner pour son premier voyage. "Il pleuvait sur Brest ce jour-là...". J'étais sidérée : j'avais parcouru cent kilomètres et me retrouvai en face de Brest, quasiment à mon point de départ !

Je me décidai à consulter une carte. Le Finistère est formé de ce triton, cette grande presqu'île que l'on voit à la météo tous les jours. Trois dents. La rade de Brest est enserrée dans la dent du haut et fait face à celle du milieu, la presqu'île de Crozon, sur laquelle j'avais parcouru tant de kilomètres. Brest, la ville meurtrie, se niche à l'abri dans une conque, la rade, quasiment fermée sur elle-même. Les bateaux ne peuvent passer que par ce fameux Goulet de Brest, ce minuscule goulot, large d' un kilomètre et demi à peine, entre la Pointe des Espagnols où je me trouvai, et le Phare du Minou. Si l'on parcourt la côte vers l'ouest en quittant Brest, on arrive à la Pointe St-Mathieu, l'un des sites les plus fascinants qui soit. Au bout de la dent du milieu, Camaret et en face, le Canada. Comme par un effet miroir, un papier que l'on aurait déplié après y avoir dessiné une carte, de l'autre côté de la presqu'île de Crozon et véritable pendant de Brest, Douarnenez et sa  baie...

         Depuis que j'ai vu toute cette beauté perchée sur la lande, je suis sous l'obsédante emprise de cet endroit de France.

        Au fil des années, je me familiarisai avec Brest que j'avais trouvée laide au premier abord. Non, Brest est belle, en majesté sur ses hauteurs, c'est une lande en fait que l'océan vient lécher, abritée par son solide château : le Fort bâti par Vauban et la Tour Tanguy qui protègent l'entrée de la Penfeld et de l'arsenal. Et enjambant ce bras de mer, le pont-levant Recouvrance, bâti en 1954, de construction très moderne donc, confère un air complétement surréaliste à tout le site. Il relie la rive droite et la rive gauche de la ville, de la rue de Siam au quartier Recouvrance, cette étroite rue de Siam, ravagée, devenue aujourd'hui une grande artère portant exclusivement le tram et montant jusqu'à la place Liberté dans une perspective absolue. Oui , Brest est belle.

        Dans un livre qui s'intitule "Brest il y a cent ans", j'avais vu l'ancienne gare napoléonienne, elle aussi détruite complètement et remplacée par un bâtiment neuf. Quel dommage m'étais-je dit ! Oh mais non : comme est elle jolie la petite gare de Brest, entièrement vitrée de petits carreaux, de taille humaine, toute ronde, et flanquée d'une tour carrée avec son horloge ! Je ne me lasse pas de la regarder : elle ressemble comme deux gouttes d'eau à un aéroport dans un épisode d'Hercule Poirot ! A proximité, une rampe en circonvolutions dominée par une grande allée de verdure, où se trouve le Monument en territoire américain, descend à flanc de la falaise jusqu'au port de commerce.

         Tout ce que j'ai décrit et beaucoup d'autres lieux encore confèrent à cette ville un charme remarquable pour qui sait la regarder.

         J'ajoute que j'ai eu l'impression, lors de ma dernière virée à Brest cette semaine, de revenir aux années cinquante et soixante, au milieu d' une population calme et bien éduquée, soucieuse d'ordre et de propreté. Pas de cris dans les rues ou dans le tram, pas d'injures, pas de coups de klaxons, pas de sacs arrachés ou de voitures volées, pas de beuglements, de la gentillesse à tous les coins de rue. Des gens normaux, dans une ville normale, bien loin de la saleté et de la vulgarité du sud.

        

         Je repris l'avion pour Marseille.

         Il faisait grand soleil sur Brest ce jour-là...


11/10/2016
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Fête au village

De retour d'une semaine d'absence, comme tous les matins, son premier geste était d'ouvrir en grand la fenêtre de sa chambre, afin d'écouter le concert des oiseaux qui voltigeaient dans le platane.

Comme tous les matins, ce qu'elle entendit fut le concert des piliers du bar à côté, sous le platane.

Toute la semaine, c'est la fête au village.

Concours de boules jusque tard la nuit, stationnement sauvage.

Orchestre poussé à fond, pour rien d'ailleurs, puisque plus personne ne danse et ne sait danser.

Sempiternel loto.

Peut-être quelques manèges pour les enfants à quatre ou cinq euros le tour.

Beuveries et beuglements au bar à côté sous le platane jusqu'à plus soif, c'est à dire aux environs de deux heures du matin.

Et au milieu il n'est pas interdit de penser, comme cela s'est déjà vu, que le village aura droit à un strip-tease ou un chippendale dans la rue.

 

C'est la fête dans son village.


04/09/2016
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