Journal intime
« Vous avez fait de cette maison un véritable nid », leur dit leur amie en sortant de chez eux.
Sa maison, son tombeau.
Avec le mur en face à trois mètres. Dans une petite rue, dans un village désert, loin de la vie, loin de la beauté.
Même pas à la campagne, ce qui présenterait quelque agrément.
Elle passe sa vie dans son tombeau.
Elle sait que désormais tout est derrière et qu'il n'y aura plus rien devant.
Elle voit la vie s'écouler, faite d'insignifiance.
Elle qui ne rêve que d’espace, d’air, de mer et de bateaux, de côtes déchiquetées, du vent qui décoiffe.
De cris de goélands, de lande fleurie, de vallons émeraude, de pergolas d’arbres sombres.
Et de belles villes, d’architecture ancienne, de péniches nonchalantes glissant sur des fleuves majestueux ; de la vie qui grouille.
Elle qui ne peut rien dire, de peur de froisser.
Ne jamais rien dire qui puisse peiner l'autre.
À qui peut-elle le confier si ce n’est à son blog, la seule chose qu'il ne lira pas.
Son journal intime.
