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Années 50 : L'automobile

L’automobile

 

 

             J’ai la chance d’avoir des souvenirs qui remontent à mes premiers mois de vie. C’est ainsi que je revois parfaitement ma mère installant le bébé que j’étais au milieu de son grand lit pour la sieste, sur un couvre-lit vert, et tirer les rideaux pour faire l’obscurité. Pour me poser ainsi sans protection, c’est que je ne gigotais pas encore et ne risquais pas de tomber du lit, donc j’étais vraiment à l’aube de mon existence.


             En conséquence, je me souviens parfaitement de l’automobile de mon père à ce moment-là, une Peugeot noire 202. Mais celle dont j’ai le plus de souvenirs, c’est évidemment la 4 CV verte. Il l’avait achetée neuve, la bichonnait tant et plus, et pour pas qu’on la lui vole, la première nuit, il avait tiré une ficelle du pare-choc à son gros orteil, le reliant ainsi à son auto adorée! Si quelqu’un s’avisait de la lui substituer, il en serait aussitôt averti, n’est ce pas ?

             Au fur et à mesure qu’il améliorait son statut social, il changeait d’automobile. Après la 4 CV verte – comme il a dû pleurer en la quittant… –, il fit l’acquisition d’une Ariane, de la marque Simca, d’un profond bleu lavande absolument divin. Et enfin, nous arrivions dans les années 60, il acheta une DS jaune canari. Le roi n’était pas leur cousin à mes parents, je ne vous dis que ça… La DS symbolisait le luxe français absolu. Bon, mais moi cette auto, c’était mon cauchemar avec sa suspension hydraulique. De vomi en vomi, je finissais nos balades dominicales sur un dernier vomi, complètement estransinée.

            Quand j’eus treize ans, je tombai malade. Mon père, affolé, me demanda quel beau cadeau me ferait plaisir. Et très stupidement, je lui répondis qu’une Alpha Roméo rouge décapotable ferait bien mon affaire. Le lendemain, naturellement, il avait revendu sa DS pour acheter l’objet en question. Rouge. Décapotable. Nous fîmes immédiatement un voyage jusqu’en Italie, esquichés à quatre dans cette auto minuscule, du burlesque à l’état pur. Il la revendit dès notre arrivée à la maison.

             Puis ce fut la 404 Peugeot bleu pervenche métallisée, avec laquelle je fis mes premiers pas ( !) de (très) jeune conductrice. Mon père, très confiant, mais très irresponsable, me laissait conduire, alors que j’avais seize ans, que je n’avais donc pas le permis, à 130 km/h en troisième file sur l’autoroute, pendant que lui dormait sur le siège à côté !

              Il avait eu les plus belles voitures françaises de l’époque, mais vers la fin de sa vie, il s’était pris de passion pour les Renault 4L et les Lada : il retrouvait une âme de prolétaire. Mais c’était mon père, et donc, il ne faut pas chercher à comprendre.

Un jour, il avait changé sa Lada contre autre Lada de même teinte, mais ne voulait pas que ma mère le sache, car elle était très près de ses sous. Il me demanda conseil, car les sièges étaient d’une couleur différente de celle dont il se débarrassait. Je lui dis alors que le mieux à faire (j’ai toujours une solution, un véritable vice…) était d’acheter des housses neuves et de bien stipuler à ma mère qu’il les avait changées car les sièges étaient abimés. Et effectivement, ma mère, qui ne jamais ne conduisit de sa vie, n’y vit que du feu. Il était bien content du subterfuge. Mais tout étourneau qu’il était, cet artiste, il avait fait domicilier les traites sur leur compte commun !

 

 

 

 

 

 

 

 



08/03/2016
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