mona-ma-muse

mona-ma-muse

Irina

 

 

     Un dimanche j’allai assister à un concert lyrique à l’église du Val où Yves et moi avions si souvent chanté. Déstabilisée par un sombre idiot qui se prétendait professeur de chant, je n’avais plus émis une note depuis un an. À la fin du spectalce, séduite et par la tenue de ce concert d’élèves et par la classe discrète de leur professeur, Irina Karpowitz, j’allai lui demander si elle acceptait de me prendre comme élève.

     Elle me prit par la main, me redonna confiance, me fit travailler ma voix, me hissa de son amitié jusqu’à l’aigu que je n’étais jamais parvenue à atteindre correctement.

     Nous fîmes beaucoup de concerts ensemble, notamment le « Stabat Mater » de Pergolèse, et plus spécialement au Couvent royal de St-Maximin. Comme je m’en souviens ! Car il neigeait un 9 avril ! Puis à la chapelle St-Pierre à Roquebrune-sur-Argens, lieu magique, avec le divin Michel Oreggia au piano, Michel au doigté incomparable, du velours, de la musicalité à l’état pur ; et en l’église de Pignans, cette église où tu as quitté définitivement tes élèves et amis venus tous écouter une dernière fois ta voix enregistrée qui chantait l’Ave Maria de Caccini.

     Très malade, mater dolorosa, toi qui avais perdu ton fils l'année précédente auquel tu n'as pas survécu, mais toujours debout mais toujours souriante mais toujours ouverte au monde mais toujours chantant et faisant chanter, toi qui souffrais tant dans ta chair et dans ton cœur sans jamais le montrer, je te tutoie aujourd’hui, Irina, pour la première fois.

     Tu fus une belle personne.

     Irina s’en est allée enrichir de sa profonde voix d’alto le chœur des anges dirigé par notre ami Marcel, tout là-haut.

 

 



03/11/2015
2 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser