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Carnets de voyage : Lac Léman

Fin septembre, comme je regardai "Des racines et des ailes" à la télévision, émission consacrée aux lacs savoyards, me prit la furieuse envie d'une escapade en solitaire.

Dès le lendemain, je pliai bagage et, ma foi, à aller jusqu'à Annecy, autant tirer ma route jusqu'au plus beaux d'entre eux : le lac Léman.

Je pris l'autoroute à Manosque, passai la porte de Sisteron et en sortis à l'orée de Gap. Avec délices, j'abordai le col Bayard et la route Napoléon. Je retrouvai les paysages d'autrefois, rustiques.

Hélas, cette douceur du regard se couvrit à Grenoble où défilèrent des kilomètres de zones commerciales sur lesquelles je fais une vraie fixation.

Puis je retrouvai les Alpes de mon enfance, m'arrêtai en bordure de route pour déguster mon pique-nique dans la verdure et arrivai en début d'après-midi à Yvoire que je souhaitais revoir après plus de quarante ans. J'arpentai ses rues médiévales, au bord desquelles fleurissaient à l'envi de rouges géraniums, admirai, amusée, les cygnes se prélasser dans une eau diamantée qui jouait avec le soleil, montai sur un bateau...

Je rejoignis ensuite Thonon-les-bains où j'avais préalablement réservé une jolie chambre blanche et rose à B.and B., posai ma valise et ressortis aussitôt pour rencontrer Evian. je ne trouvai pas la source où remplir ma bouteille mais gavai mes yeux de son architecture Belle Epoque. 

Je me posai sur la promenade en bordure du lac et rêvai longuement face au coucher de soleil qui miroitait sur l'eau. A quoi pensais-je? Je ne m'en souviens plus. Sûrement à une maison que j'aurais achetée, ici dans cette région bénie des dieux. L'air était doux, mon âme enfin en paix.

Le lendemain, je retournai à Evian et continuai vers la Suisse, passai une frontière-fantôme. J'allais à Montreux dont je fis le tour plusieurs fois pour m'en régaler, continuant à rêver ma vie, celle que je n'aurai pas eue, puis revins sur mes pas, à Villeneuve où je pris un bateau à aubes, authentique bâtiment de 1907 que je visitai de haut en bas, et de babord à tribord, car je ne tiens pas en place, où que je me trouve.

Cette boursouflure du Rhône, où se croisent sans cesse voiliers et bateaux à aubes, reliant Montreux à Genève, en desservant, tout comme les vaporetti vénitiens, tous les villages qui bordent le lac est une féérie sans cesse renouvelée, un suave écrin pour nos majestueuses montagnes. J'appris que la température, grâce au fleuve, ne descendait jamais au-dessous de zéro. La vigne y est reine, ses vins renommés. J'aurais aimé disposer de plusieurs jours pour tout voir, aller partout plus loin dans les terres, et aussi monter jusqu'à ces châteaux dominant le lac, que je voyais de loin...

Je me suis contentée de m'arrêter à Morges, où j'avais passé quelques semaines avec ma soeur, enfant. J'avais oublié ou plutôt je n'avais jamais su - j 'avais six ou sept ans, n'est ce pas - que Morges était l'une de ces magnifiques stations balnéaires de la Riviera Suisse qui n'a rien à envier à notre Côte-d'Azur, bien au contraire. Là-bas, point de migrants, point de crasse, point de camion blanc raflant et broyant trois cents personnes dans sa folie meurtrière, brisant des milliers d'âmes.

Là-bas, tout est calme, luxe et volupté.

Là-bas, j'aurais voulu vivre.

Il y a quarante ans, j'avais déposé une demande.

Mais en Suisse, on n'accepte pas les migrants.

 

Je continuai mon tour du lac et atteignis Genève par le haut quand, l'espace de quelques secondes, je me pris le mont-Blanc en pleine figure. Je ne m'y attendais pas, il surgit par dessus les monts, tout beau, tout ensoleillé, tout blanc. Tout blanc.

Le soir, j'arrivai à Annecy où j'avais réservé une chambre B. and B. chez un particulier. Les clefs m'attendaient, le monsieur était absent en mission humanitaire en Afrique, qui me laissait en toute confiance sa luxueuse maison et son superbe jardin où trônait - sur le hauts d'Annecy - un bananier.

 

Le lendemain, je visitai le vieux Annecy, quarante ans après ma première visite, me baignai dans son lac, pris une collation dans le jardin du "Café du curé", un pittoresque endroit comme on n'en fait plus, encerclé de tous les restos et cafés "branchés", ceux qui me désolent et que je fuis.

 

Je repris la Route Napoléon, le col Bayard, la porte de Sisteron, les Mées, etc... et Rougiers.

Hélas.



13/11/2016
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